Lors d’exposition à des températures plus élevées que 37° C ou à un rayonnement solaire important, le pigeon commence à souffrir de stress thermique. L’oiseau va y faire face grâce à plusieurs mécanismes.
Le mécanisme qui intervient en début d’hyperthermie est l’évaporation d’eau cutanée, qui est très faible chez nos pigeons. La peau du pigeon constitue un frein important pour l’évaporation cutanée. Rapidement par fortes chaleurs, les pigeons vont accélérer la fréquence respiratoire ; il s’agit d’un mécanisme (polypnée thermique, voir article précédent) permettant d’augmenter fortement le volume d’air inspiré par unité de temps avec par conséquent une forte augmentation de la perte de chaleur par évaporation. Le refroidissement par évaporation au niveau de l’appareil respiratoire est le système le plus important chez nos pigeons.
Malheureusement, si la polypnée a lieu pendant trop longtemps ce mécanisme peut entraîner l’alcalose respiratoire par perte excessive du CO2 sanguin et aboutir à un déséquilibre des ions calcium.
Lors du vol de retour cela se traduira immédiatement par l’abandon du pigeon qui cherchera un endroit pour récupérer. Les conditions de transport vers les lieux de lâcher ainsi que le stockage des pigeons en attendant la libération des oiseaux sont donc primordiaux pour le bien-être animal et assurer le retour vers le colombier dans de bonnes conditions.
Le transport devrait être effectué dans la soirée pour que les camions ne soient pas exposés aux ardeurs du soleil et les distances des concours réduites.
Arrivés sur le lieu de lâcher, les pigeons doivent être maintenus à l’ombre en un lieu ventilé avec de l’eau fraîche à leur disposition. Il va de soi que les pigeons doivent être libérés le plus tôt possible pour profiter de la diminution de chaleur de la nuit.
Il est important de savoir qu’en vol ramé d’endurance le métabolisme du pigeon augmente d’un facteur 10 et la chaleur produite doit être également évacuée. Pour une élévation de 3°C de la température corporelle, le pigeon cesse immédiatement de voler et cherche une aire de repos.
L’évaporation de l’eau cutanée et respiratoire peut provoquer la déshydratation. C’est pourquoi de nombreux pigeons s’arrêtent et cherchent à boire sur le chemin du retour. Avec un peu de bon sens on comprend aisément qu’il faut éviter les concours de grand fond par temps caniculaire.
Dr Jean Pierre Duchatel