La paramyxovirose (3)

La paramyxovirose (3)

 

 

Les traitements

Il n’existe pas de traitement spécifique de la paramyxovirose, il est inutile de donner des antibiotiques car les virus n’y sont pas sensibles.

Les traitements instaurés viseront à aider les pigeons à vaincre l’infection et à limiter les dégâts occasionnés par le virus. Les pigeons atteints de diarrhée seront réhydratés au moyen d’électrolytes administrés dans l’eau de boisson. La ration sera supplémentée en vitamines (A, B, C) et en acides aminés essentiels. Des compléments de poudres aux propriétés absorbantes et nutritives peuvent être saupoudrées sur la ration de graines.

Les pigeons guéris de l’infection peuvent être mis à la production : leur qualité génétique n’est pas altérée et les jeunes élevés ne leur seront pas inférieurs.

La vaccination

La vaccination est le seul moyen d’éviter la maladie. Au début de l’épidémie (1981), en attendant la mise au point de vaccins adaptés aux pigeons, ceux-ci ont été vaccinés dans l’urgence avec des vaccins inactivés contenant un adjuvant huileux, développés pour la volaille.

Le rôle de l’adjuvant est primordial, il est nécessaire pour intensifier la réponse immunitaire garante d’une bonne protection. Or les adjuvants huileux utilisés pour les vaccins volailles sont susceptibles de provoquer des granulomes à l’endroit d’injection chez le pigeon. La protection obtenue par ce type de vaccin n’est pas optimale.

Actuellement, les vaccins utilisés pour le pigeon sont des vaccins inactivés qui contiennent du paramyxovirus tué, plus un adjuvant adapté au pigeon. Pour cette raison et pour éviter de provoquer de graves lésions dans les muscles pectoraux, l’utilisation d’un vaccin inactivé par injection intramusculaire est déconseillée chez le pigeon voyageur. Les pigeons voyageurs seront donc vaccinés par voie sous-cutanée, sous la peau du cou.

 

La mise au point d’un vaccin pour pigeons

Lors de notre collaboration avec l’industrie pharmaceutique pour la mise au point d’un vaccin destiné aux pigeons voyageurs, les objectifs à atteindre étaient avec une seule injection de protéger les pigeons le plus longtemps possible, d’avoir une parfaite tolérance du vaccin et pas d’effets secondaires.

Ceci impliquait :

  1. une immunité générale stable pour une durée d’au moins une année mais également un certain degré d’immunité locale permettant de réduire la charge virale chez l’animal vacciné (voir figure 1).
  2. une innocuité la plus parfaite possible c’est-à-dire une injection facile et non douloureuse, l’absence de formation d’un granulome à l’endroit d’injection et pas d’effet clinique comme la réactivation d’herpesvirus entraînant du coryza ou de la sinusite.

C’est ainsi que le Colombovac PMV a été conçu (Duchatel et al., 1985 ; Vindevogel et al., 1985). Ce vaccin est un vaccin inactivé contenant du virus tué hautement purifié et un nouveau type d’adjuvant aqueux (carbomère) stimulant la formation d’anticorps et ne provoquant pas de granulome inflammatoire à l’endroit d’injection. Il s’injecte par voie sous cutanée au niveau du cou l’aiguille dirigée vers le dos et parallèle au cou. Les anticorps sont déjà détectables après 7 jours et leur taux est maximum après 3 semaines. Lorsqu’on inocule des pigeons vaccinés avec une dose importante de virus très pathogène, on observe que 100 % des animaux résistent à l’infection sans la moindre apparition de signes cliniques de la maladie (voir figure 2). Ces pigeons ne peuvent donc ni transmettre l’infection, ni disséminer du virus.

Quelques conseils

Les pigeons voyageurs seront vaccinés au moins 15 jours avant le début des entraînements et cela chaque année. Les producteurs seront vaccinés idéalement 3 semaines avant l’accouplement car la transmission des anticorps se fait essentiellement par le jaune d’œuf, cette voie de transmission assure une bonne protection des jeunes dans le nid. Les jeunes peuvent être vaccinés dès le sevrage et peuvent bénéficier d’une seconde injection 3 semaines avant le début des entraînements pour booster leur immunité afin de mieux résister au syndrome de la maladie des jeunes. Ce rappel peut d’ailleurs être réalisé avec le vaccin rotavirus paramyxovirus (Columbi RP). Afin de garantir une protection optimale, il faut veiller à ne faire vacciner que des pigeons en bonne santé.

Malgré des années de vaccination, la maladie est toujours présente. Actuellement, des formes moins typiques de la maladie peuvent être observées, comme par exemple de la diarrhée sans symptôme nerveux. Ce sera le cas pour des pigeons non vaccinés ou vaccinés depuis trop longtemps ; leur degré d’immunité (résistance) s’est atténué au fil des mois et est devenu trop faible pour empêcher le virus de se multiplier.

Les pigeons vaccinés avec des vaccins « poules » suivant une dose et un protocole inadapté peuvent également présenter des formes moins classiques de maladie et une immunité moins longue.

 

Dr Jean Pierre Duchatel

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