Tanguy Gervois à Marconne : la passion en héritage

La valeur n’attend pas le nombre des années, dit l’adage. La chose est vraie dans bien des domaines, et notamment en colombophilie. La preuve avec Tanguy Gervois, sociétaire du Ramier à Auchy-les-Hesdin (Pas-de-Calais) qui, à juste 23 ans, peut se targuer d’un joli palmarès : douze fois premier de groupement cette année, champion de France en 500 / 750 km en 2018 et premier Nord – Pas-de-Calais 2019. Rencontre chez lui, à Marconne, près d’Hesdin.

 

Pour accéder aux pigeonniers de Tanguy Gervois, il faut passer par une pièce qui fut jadis l’une des boucheries – charcuteries de la commune, et qui a gardé son comptoir d’antan. C’est que l’endroit appartenait au grand-père du jeune homme, qui a transmis deux virus à son petit-fils : celui de la belle viande, et celui du pigeon. « Mon grand-père était colombophile et avait des pigeonniers. C’était plus un éleveur qu’un compétiteur, même s’il pratiquait le grand fond. Il était donc aussi charcutier – traiteur. Comme mon père. Et comme moi », raconte le jeune homme.

De cet aïeul qui, suite à une blessure, dut se tourner vers l’élevage et faisait voler en compagnie d’un associé, le jeune colombophile a notamment gardé les pigeonniers, installés aux premiers étages de l’habitation marconnoise. « Ils sont assez anciens, c’est vrai. J’ai d’ailleurs eu quelques soucis au début, dus à l’aération et cela s’en ressentait dans les résultats. Mais, depuis que j’ai réglé ce problème d’aération, c’est nickel », se félicite le jeune champion.

« Viens avec moi, je vais enloger »

C’est en 2012 que Tanguy se prit de passion pour la colombophilie. « C’est l’associé de mon grand-père, Francis Devillers, de Saint-Georges, qui m’a mis le pied à l’étrier, se rappelle le Marconnois. Un jour il me croise chez mon grand-père et me dit : « Viens avec moi, je vais enloger ». J’étais encore au collège à l’époque. Je l’ai suivi et depuis, la passion ne m’a plus jamais quitté. » A son premier concours, il termine numéro un du classement. Plutôt pas mal donc pour un pur débutant « Je pense qu’au début, comme tout le monde, je ne savais pas trop ce que je faisais, nuance-t-il. Mais progressivement, j’ai commencé, en les côtoyant, à me renseigner auprès des meilleurs amateurs. C’est comme cela que j’ai construit ma première colonie : grâce aux conseils des autres, tout en tentant de faire le tri dans tout ce qu’on me disait. »

Et c’est particulièrement aux côtés du Belge Dany Dusausoit qu’il va construire sa colonie, aujourd’hui peuplée de 120 pigeons. « Environ 50 % de mes pigeons proviennent de chez Dany Dusausoit, insiste le colombophile. Mes meilleurs sont le numéro 293 406, qui a fait deux premiers de groupement en 2020, notamment à Blois ; le demi-frère de mon Olympic Dany et mon Route 66, qui a fait premier de zone Ouest à Jarnac. »

Chasse en plaine

Le rapport à la nature et aux animaux, ainsi que les bons résultats obtenus, sont, pour le jeune homme, les premiers moteurs de la passion. Même si celle-ci l’amène à consentir certains sacrifices : « Pendant les concours, je passe environ une heure dans mon pigeonnier le matin, une heure le midi et trois heures dans la soirée. Mon travail étant assez prenant, je suis debout à 5 h 30. »

Certains amis du jeune homme trouvent qu’apprécier la colombophile à 23 ans est, compte tenu de cet âge, quelque chose de « tout simplement impensable ». Mais « on aurait tort de juger ce sport comme un hobby réservé aux vieilles personnes. Bien au contraire, avec le nombre d’outils technologiques à notre disposition maintenant, il faudrait plus être jeune que l’inverse », souligne-t-il.

 

 

Malgré le volume de travail nécessaire au maintien de ses résultats, et un planning professionnel très chargé, Tanguy Gervois parvient à trouver quelques heures disponibles pour parcourir les plaines et bois du secteur, fusil en main, en quête de lièvres, faisans ou perdrix à chasser. Une passion familiale, que son grand-père n’aurait pas reniée.

DAVID SAGOT

Nous vous recommandons aussi