Rencontre avec David Brunet, à Cappelle-Brouck (3/3) : « Je me donne trois ans pour réussir les longues distances »

 

 

Suite et fin de notre rencontre avec David Brunet, champion de France vitesse en 2020 (entre autres), de Cappelle-Brouck, près de Dunkerque, avec, au programme, un point sur les traitements administrés, ses concours favoris, son projet sportif et quelques conseils… de bon sens.

– À quoi ressemblerait selon vous le pigeon parfait ?

« C’est tout bête : il a un plumage soyeux, il est intelligent, en bonne santé. A ce sujet, je tiens à dire quelque chose qui m’a servi de leçon. J’ai eu, par le passé, d’excellents pigeons que j’ai épuisés à force de compétitions. Il faut faire attention à cela. Je me rappelle également de pigeons qui ne faisaient aucun prix en jeunes mais qui ont été d’excellents compétiteurs plus tard. C’est pour cela que je ne regarde plus trop les compétitions pour les jeunes. Il faut dire qu’aujourd’hui, je trouve, les pigeons sont plus fragiles que par le passé. Ma stratégie, donc, c’est de laisser les jeunes tranquilles. Il faut savoir leur donner le temps de les immuniser. »

– Quelle importance accordez-vous à la pharmacopée ?

« Je me limite au strict nécessaire. Je traite les maladies courantes et je fais les vaccins obligatoires, bien sûr, et éventuellement je m’occupe des voies respiratoires. Pour cela, je donne de l’Adjusol. Je limite au maximum le nombre et la quantité de traitements dès que la saison commence, même s’il faut quand même purger. C’est inévitable. Et j’administre du Levamizol pour les vers. Engager des pigeons dans la compétition sans traitements, ce serait irresponsable. Il y a un minimum, au risque d’en perdre en route. »

– Quelles sont vos compétitions favorites ?

« Les 200 km. C’est rapide, on perd moins de pigeons, on a du temps libre. Sur les longues distances, on laisse parfois beaucoup de pigeons en route, comme cela m’est arrivé en 2003 : cinq sur le carreau ! Mais je vais quand même tester. Je me donne trois ans pour réussir. Sinon, parmi les 200 km, Pontoise est le concours que je préfère. Clermont aussi. En revanche, je n’ai jamais joué aucun Barcelone. »

– Quels souvenirs gardez-vous de ces concours ?

« J’y ai notamment fait un premier prix, en 1981, à Angerville, avec plus de vingt minutes d’avance. J’ai rejoué ce pigeon le dimanche d’après et il a encore décroché un un premier prix. Malheureusement on me l’a volé en 1983. »

– Que pensez-vous des grandes compétitions internationales ?

« J’ai l’impression que beaucoup y participent davantage pour une question de prestige que de volonté purement sportive même si, à un moment donné, l’un rejoint l’autre. Mais je suis mal placé pour parler car je n’ai encore jamais essayé. »

– Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui débutent ?

« Il faut démarrer avec de bons pigeons en s’adressant, idéalement, à un amateur sérieux et honnête. Ensuite, il faut être patient : les premiers bons résultats ne viennent qu’après un long cheminement. Il est inutile, également, d’avoir trop de pigeons au début. Il est important aussi de commencer par la vitesse car cela donne de très bonnes bases. Avant toute chose, il faut apprendre à jouer. La colombophile, mine de rien, c’est un métier, même lorsqu’on est amateur. Moi, je me suis fait la main avec les jeunes et j’ai toujours eu en tête de ne griller aucune étape importante. Ensuite, bien sûr, dès qu’on se sent prêt, c’est bien de s’attaquer aux longues distances. Quelque chose aussi à savoir : rarement, au début, un débutant va tomber comme par magie sur des personnes qui vont expliquer clairement comment il faut procéder. On apprend exclusivement par soi-même, en faisant un maximum de tests, d’erreurs, même si on peut bénéficier de conseils pratiques sur l’alimentation, les techniques de jeu… Mais le « comment jouer », pour ainsi dire, ne se transmet jamais aussi simplement qu’on le pense. J’ai lu un tas de livres pour cela, j’ai dû me doter d’une grosse expérience pour être un minimum content de moi. Et puis il faut aimer ce sport. Et ne pas hésiter à faire un break si, pour de multiples raisons, on n’y trouve plus son compte. »

PROPOS RECUEILLIS PAR DAVID SAGOT

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