La grande passion de Christophe et Linda, c’est de jouer à pigeon vole (article paru dans la Voix du Nord)

Le Béthunois reste une terre de colombophilie. Derrière sa maison de Gonnehem, Christophe Penel a bâti un pigeonnier où cohabitent 110 volatiles et parmi eux, une graine de champion: mi-juillet, il est arrivé 2e sur 4290 concurrents lâchés de Pau. Rencontre avec un passionné qui a converti sa compagne.

Par Isabelle Mastin

bethune@lavoixdunord.fr

Gonnehem. Le 18 juillet, il ne fallait pas chercher loin les voisins de Christophe Penel: ils étaient dans son jardin, le nez en l’air à guetter l’horizon. Ce qu’ils attendaient? Un Blériot à plumes revenant de Pau à tire-d’aile, un vaillant pigeon dont son propriétaire savait par où et quand il surgirait. «Il faut tenir compte du vent de cul ou de bec, de la température…», de l’heure d’arrivée des rivaux dans les régions voisines…

Et ne lui dites pas que rien ne ressemble plus à un pigeon qu’un autre pigeon! «Moi je le reconnais!» Son champion, c’est Fils de Gasoil, un nom de circonstance «parce que son père est rentré un jour d’Angoulême couvert de gasoil…»

Le 18 juillet, le bolide, trois ans, a fini 2e sur 4290. Même, «il était premier mais le constateur a buggé» – la plateforme déclenchée à l’atterrissage. Linda, sa compagne convertie à la cause, a eu beau vite acter le retour sur le site web officiel («Moi dans ces moments-là, je ne peux pas, je suis en transe»), c’était râpé.

«L’important, c’est de gagner»

N’importe, le presque quinqua chef d’équipe chez Fer et Art est fier de son poulain: en 2020, il a fini premier du Nord – Pas-de-Calais, a été classé en 2019 16e As pigeon européen, et s’est déjà hissé 6e sur 14000 lors d’un des marathons internationaux auxquels Philippe s’adonne depuis trois ans, initié par deux autres férus, les frères Thorel.

Qu’il parle de sa passion et ses yeux pétillent. «Mon grand-père, à Chocques, faisait des courses. J’ai grandi avec l’idée d’avoir des pigeons. Je suis fasciné par leur capacité à revenir sans GPS.» Au décès de son aïeul, «mon père m’a construit un pigeonnier» et il a fait le reste: beaucoup lu, beaucoup appris de ses pairs. Il en découvre encore tous les jours mais n’a pas changé d’optique: ««L’important, c’est de gagner» dans une ambiance toujours bon enfant. «Il y a des gens de tous milieux, avec le même respect.»

Pour gagner, pas de miracle. Il faut doser l’alimentation selon les saisons, le temps des concours ou pas, assurer un suivi vétérinaire… et optimiser ses chances et là, c’est chacun son truc. «Le pigeon revient pour l’amour de sa case, mais on peut aussi miser sur la jalousie, mettre un miroir pour lui montrer que sa femelle est avec un autre mâle…» Psychologique. Un peu sadique aussi.

Christophe parie rarement, trop peur d’y perdre sa quinzaine. Il n’a encore non plus jamais fait la culbute en acceptant une offre d’achat mais qu’importe. Le soir, quand avec Linda il guette son escadrille à plumes sur l’horizon, il ne donnerait sa place pour rien au monde.

Isabelle Mastin (Journaliste à La Voix du Nord)

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