Faut-il avoir peur que nos pigeons boivent l’eau des rivières

Le 23/04/2018 . Envol de pigeons au canal de Roubaix. Photo : Sebastien JARRY / La Voix du Nord

Lors des périodes caniculaires, les flaques d’eau, les ruisseaux et les canaux sont des endroits où les pigeons voyageurs sont tentés de s’abreuver sur le chemin du retour vers le colombier.
Cette eau peut être contaminée par des bactéries ou des pesticides et certains produits dopants.

J’avais pris conscience de ce fait en lisant une étude réalisée à l’Université de Liège suite à l’analyse de l’eau de différentes rivières en Belgique. C’est ainsi que j’ai appris que de la cocaïne avait été retrouvée dans certaines eaux de surface surtout en périphérie des grandes villes et à des taux plus importants le week-end qu’en semaine.

Cela a immédiatement appelé à une réflexion de ma part par rapport à la caféine qui est mondialement consommée sous forme de café, de thé et de boissons énergisantes. Une partie de cette caféine se retrouve dans les eaux usées qui peuvent contaminer les fleuves et les ruisseaux. Or la caféine est considérée comme un produit dopant pour les pigeons, sans doute à tort. J’ai donc mené mon enquête en compulsant la littérature publiée sur le sujet et je me suis rendu compte que des taux relativement élevés de caféine étaient mis en évidence dans les eaux de surface. Ces études montrent que l’utilisation de la caféine comme marqueur de rejets d’eaux usées est pertinente. Les taux mesurés sont plus élevés pendant les périodes chaudes ce qui est logique puisque les concentrations y sont plus fortes : ceci s’explique par des niveaux d’eau plus faibles en périodes de sécheresse.
Or il est toujours possible que nos pigeons s’abreuvent sur le chemin du retour des concours en période estivale. Quelle est donc le niveau de contamination de l’eau absorbée ? Nul ne peut le dire mais c’est une réalité dont il faut tenir compte lors des contrôles anti-dopage.

Tout est une question de doses pour fixer la positivité et non une limite de détection de la méthode d’analyse que je dirai presque trop performante. Le résultat obtenu est donc un chiffre « dangereux » à interpréter car derrière l’éventuelle sanction un colombophile et sa famille peuvent en subir des conséquences. Deux solutions sont possibles, soit réaliser des études expérimentales sur pigeons qui seront forcément coûteuses, soit simplement retirer la caféine de la liste des produits dopants.

Dr Jean Pierre Duchatel

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