Fils et petit-fils de colombophiles, Jean-Pierre Duchatel en a le souvenir d’un « sport familial ». « Tous les voisins avaient des pigeons et la compétition se faisait avant tout entre voisins. » Son plus lointain souvenir colombophile ? « J’avais 4-5 ans, j’avais grimpé pour atteindre le colombier au-dessus de la remise et je n’avais pas su redescendre. Les adultes m’avaient longtemps cherché et m’ont retrouvé là, en train de jouer », sourit-il. Que de chemin parcouru depuis. Avec toujours la colombophilie en toile de fond.
Doctorat en Sciences Vétérinaires, diplôme d’études approfondies en Sciences Vétérinaires, master en Sciences de l’Ingénieur des industries agricoles et alimentaires, cours de virologie, diplôme de l’institut Pasteur de Lille sur les méthodes normalisées et validées en microbiologie des aliments… Jean-Pierre Duchatel a un bagage scientifique impressionnant, qui lui vaut d’être sollicité régulièrement pour collaborer à des revues spécialisées, pour animer des conférences dans plusieurs pays dont le Portugal et la Pologne. Un bagage qui lui a aussi permis de publier de nombreux ouvrages sur des thèmes médicaux, sanitaires et alimentaires, souvent en lien avec la colombophilie.
Au cours de sa carrière à l’Université de Liège, le Belge a participé au développement de vaccins pour pigeons en collaboration avec l’industrie pharmaceutique ; il a mené des recherches poussées sur le dopage du pigeon pour la fédération colombophile internationale (FCI) ; puis sur des maladies propres à cet oiseau ; il a participé à la mise sur pied du premier centre d’insémination artificielle des pigeons, en Belgique… Et il a toujours eu un colombier, même lorsqu’il ne concourait pas.
A la retraite depuis quelques années, ce chercheur consacre une partie de son temps libre à la lecture des publications scientifiques et quelles évolutions a-t-il constatées ces cinquante dernières années ? « De nouveaux virus, qui étaient latents, sont apparus. Peut-être parce qu’il y a eu une médicalisation à outrance du domaine colombophile… » Les conditions de vie modernes, aussi, ont eu des conséquences sur les pigeons, selon lui. « Les téléphones portables, les ondes radio, les lignes à haute tension… Il y a des gens qui y sont très sensibles, pourquoi pas les pigeons ? Il a été prouvé que des oiseaux étaient perturbés par la lumière allumée constamment dans les villes, par exemple. » La médicalisation aurait ainsi provoqué « une sélection génétique avec une moindre résistance des pigeons », suppose Jean-Pierre Duchatel.
« J’ai vu des pigeons brûlés par excès d’antibiotiques, incapables de remporter le moindre prix… » Ces excès, le docteur Duchatel les a vu croître de manière exponentielle. « Il y a plusieurs décennies, un bon pigeon était un pigeon qui n’était jamais malade et qui faisait des prix. Ensuite, c’était un pigeon traité qui remportait des prix. Et au fur et à mesure, il a fallu tous les traiter. »
Son conseil pour pallier ces soucis ? « Être le plus proche de la nature. Pas par effet de mode. Mais si on traite le pigeon, il faut le faire lorsque c’est absolument nécessaire. Les gens sont trop dans l’antibiothérapie préventive et auraient tendance à traiter sans que les pigeons soient réellement malades. »
Nous publierons régulièrement sur notre site des articles thématiques pointus dans lesquels Jean-Pierre Duchatel partagera ses connaissances et le fruit de ses recherches.