Il s’agit sûrement de la période la plus cruciale et gourmande de l’année. Toute carence restera marquée au fer rouge sur le plumage de nos protégés jusqu’au prochain renouvellement. Quelques conseils pour cette étape importante.
On s’orientera évidemment vers les mélanges dits « Mue ». Toutefois, on peut de façon détournée choisir d’autres mélanges pour cette emploi. Pour une appréciation claire, abordable et rapide, voici quelques valeurs à prendre en compte. Vous les trouverez sur l’étiquette de vos sacs : constitution analytique.
- Protéine brute : 15%
- Matières grasses : 8%
- Cellulose brute : 6%
- Hydrates de carbone : 55%
Il sera mentionné aussi le taux de lysine et de méthionine, 2 acides aminés majeurs. Si je dois avancer un chiffre, je dirais 0,65 pour le premier et 0,25 pour le second. Toutefois, ces valeurs sont très variables en fonction de la composition du mélange. En effet, ces acides aminés sont présents dans les graines dans des quantités variables, ce qui influence la constitution analytique. Il y a, par exemple, 2 fois plus de méthionine dans du tournesol strié (le classique) que dans du blé. Il faut aussi noter qu’il y a un phénomène de « dilution », plus le rendement de la culture à la récolte est élevé, plus le taux d’acides aminés diminue. Dès lors, les céréales de fermes en dehors de leur « fraîcheur » dans des régions à fort potentiel (comme le Haut de France), la richesse sera revue à la baisse.
Pour ceux qui écoulaient les stocks de la saison sportive, il sera judicieux d’ajouter une bonne part de lin et de tournesol strié jusqu’à 5% de chaque. Attention, les mélanges sport ne sont pas non plus la panacée, mais pour quelques semaines, au démarrage, ils peuvent faire l’affaire. Néanmoins, ils sont un peu « courts » en protéine (11/12% contre les 15% préconisés). Pour ma part, je donne ou donnais, une cuillère à café pour 3 pigeons avant de distribuer la ration journalière. Ainsi, leur absorption est optimale, car ces 2 graines sont primordiales pour la réussite de la mue.
Je suis favorable à nourrir le matin, ainsi le pigeon a toute la journée pour ingérer sa ration et peut à loisir choisir les graines qu’il souhaite manger en priorité. Celle-ci variera d’un pigeon à l’autre en fonction de ses besoins. C’est tout l’intérêt d’une seule distribution de la ration complétée, le soir, si il y a des restes, ceux-ci seront éventuellement ramassés.
Veillez à distribuer le grain en quantité suffisante, mais surtout pas à volonté ! Une ration n’est réellement équilibrée que si elle est intégralement mangée. Les mélanges mue sont d’autant plus dangereux qu’ils sont « chargés » en oléagineux, qui plus est en colza concernant les mélanges bas de gamme. Non, la surconsommation de petites graines ne les fera pas passer de vie à trépas, mais celles-ci empoisonneront insidieusement le foie pour petit à petit plomber le métabolisme énergétique. Évidemment, une cure de tisane dépurative ou de MAPP épatodraine aura tôt fait de régler le problème, mais ça, c’est une autre histoire.
Alexandre Margris