Problèmes respiratoires

La respiration se charge de l’échange gazeux, de l’inhalation d’oxygène et de l’exhalation de dioxyde de carbone, et constitue donc l’un des piliers des performances sportives. Il est donc logique de considérer les problèmes de respiration comme l’une des principales causes de mauvais résultats avec nos pigeons.

photo d’illustration

Indice d’un pigeon en bonne santé

Un pigeon en bonne santé a une gorge rosée, sans mucus, avec le bord inférieur du palais mou séparé par une dentelure fine. La partie arrière de la gorge doit également être rose sans inflammation et les veines qui s’y trouvent ne doivent pas être gonflées. La fente palatine qui donne accès aux cavités nasales doit être finement dentelée et exempte de mucus. Elle est légèrement ouverte pour laisser passer l’air facilement pour l’oxygénation des poumons. L’œil du pigeon en bonne santé brille, est entouré d’un cercle oculaire sec et blanc et possède un iris bien coloré.

Aspects cliniques des problèmes respiratoires

Certains pigeons atteints éternuent souvent et/ou se grattent le nez. Les bouts de nez ont perdu leur aspect blanc et poudreux et sont de couleur grise. Les bords des yeux sont jaunâtres et humides. Les narines sont fermées et le pigeon ouvre son bec pour respirer. Un écoulement nasal abondant pénètre dans le bec par la fente du palais où se forment des membranes jaunâtres. En général, on remarque une congestion dans la partie postérieure du palais et quelques foyers de nécrose et d’ulcères sont visibles. Dans certains cas, l’ouverture du larynx présente des mouvements saccadés. Ce type de coryza humide est facilement diagnostiqué par le colombophile.

Mais il existe également une forme moins visible de la maladie, mais tout aussi fréquente et difficile à diagnostiquer : c’est le coryza sec. Les pigeons ne présentent pas d’écoulement nasal. Les nez restent blancs, mais le pigeon éternue lorsque vous appuyez sur le nez. Le canal lacrymal est souvent obstrué et les bords des yeux sont légèrement humides. Seul un examen approfondi permettra de mettre en évidence ce type d’infection respiratoire. Les performances sportives sont médiocres, en particulier lorsqu’il y a un vent de face et des températures élevées. Dans ces circonstances météorologiques, certains pigeons rentrent chez eux avec un grave trouble du système respiratoire, qui se traduit par l’aspect typique des « têtes de hiboux ». Ce type de trouble respiratoire est particulièrement meurtrier pour les jeunes. Lorsqu’ils en souffrent, les pertes sont très élevées. Contrairement à certains auteurs, nous sommes convaincus que la santé joue un rôle important dans les pertes massives de jeunes.

Herpesvirus chez le pigeon

Pigeonneau atteint de rhinite

Le virus de l’herpès a été mis en évidence pour la première fois en 1967 chez des pigeons présentant des problèmes respiratoires. Il a été scientifiquement prouvé que ce virus est le principal agent infectieux des problèmes respiratoires chez le pigeon. Ce virus est répandu dans le monde entier. L’inoculation de cet agent pathogène permet la reproduction expérimentale de la maladie. La présence du virus a été démontrée dans 60% des colombiers où des troubles respiratoires règnent en permanence.Lors de coryza aigu, des anticorps spécifiques ont été mis en évidence chez 63% des pigeons malades et le virus a été isolé du pharynx de 82% des oiseaux malades.

Très tôt après l’infection, les pigeons excrètent le virus et cette excrétion persiste en général 7 à 10 jours. Les lésions apparaissent après 1 à 3 jours alors que l’excrétion virale atteint son apogée. Après guérison clinique, les pigeons restent porteurs du virus et peuvent le réexcréter par intermittence, et ainsi disséminer l’infection. Dans un colombier infecté par le virus herpès, après guérison de la primo-infection, les pigeons deviennent des porteurs asymptomatiques du virus éliminant le virus de temps à autre et le transmettant à leur descendance. Les pigeonneaux sont contaminés par voie buccale pendant les premiers jours de la vie, mais ils échappent à la maladie clinique grâce aux anticorps transmis par le jaune d’œuf. Les pigeonneaux deviennent donc eux-mêmes des porteurs du virus asymptomatiques. La maladie clinique est donc principalement observée lors de la primo-infection de pigeonneaux issus de parents indemnes de l’infection ou chez les porteurs latents à l’occasion de conditions débilitantes (stress, fatigue, chaleur, surpopulation).

Les différentes formes de problèmes respiratoires que nous avons décrites ci-dessus s’expliquent par les germes qui compliquent l’infection par l’herpesvirus. Le virus de l’herpès est le premier agent des troubles respiratoires et la multiplication de ce virus dans les cellules de la gorge du pigeon s’accompagne souvent de légers troubles respiratoires, mais les nombreuses bactéries et trichomonas profitent de cette infection virale pour se propager et aggraver les symptômes. Chez les pigeons, on observera des laryngites, des sinusites et des pneumonies. Lorsque les sacs aériens sont touchés, leur paroi s’épaissit et perd de son élasticité. Les sacs aériens peuvent se remplir de mucus et de pus caséeux, ce qui peut fortement altérer leur fonction. Ces lésions peuvent persister après la guérison et compromettre la carrière sportive du pigeon. Sans intervention médicale, la maladie respiratoire causée par le virus de l’herpès se transforme souvent en une maladie respiratoire grave accompagnée d’un essoufflement.

Le traitement repose sur l’administration d’antibiotiques. Même si les antibiotiques sont inactifs contre le virus de l’herpès, ils permettent de lutter contre les bactéries compliquantes. Malheureusement, les bactéries ont développé, au cours du temps, des stratégies de résistance et le choix de l’antibiotique est devenu difficile.

La prévention du coryza

Le bien-être des pigeons dans le colombier est le premier atout afin d’éviter le coryza. Le logement ne doit pas être trop sec ou trop humide. Une bonne aération est primordiale et il faut éviter la surpopulation.

Des essais de vaccination avec un vaccin inactivé en émulsion huileuse ont été réalisés (Vindevogel et collaborateurs, 1982). Ces essais ont permis de réduire l’excrétion virale sans toutefois empêcher le portage latent et la dissémination du virus. La vaccination n’est donc pas la « solution miracle », d’autant plus que les adjuvants huileux, parfois mal tolérés peuvent créer un stress capable de réactiver le virus herpès avec apparition de symptômes (conjonctivite et rhinite), (Vindevogel et Duchatel, 1985).

L’utilisation de la phytothérapie permet de développer la résistance naturelle des pigeons en renforçant le microbiote. Certains prébiotiques permettent d’éviter la colonisation du jabot par les trichomonas et les colibacilles évitant la contamination de bactéries compliquantes. Certaines plantes et huiles essentielles travaillent en synergie pour faciliter la respiration des pigeons et prévenir les épisodes de coryza lors des périodes critiques.  Il vaut mieux donc prévenir que guérir !

 

Dr Jean Pierre Duchatel

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