Bloom a atterri un beau matin dans la cour de l’une de nos journalistes, à Wimereux. Grâce aux bagues de ce pigeon voyageur exténué, elle a fini par retrouver son propriétaire. Et mardi, Benjamin, colombophile berguois de 13ans, est venu récupérer son oiseau préféré, des étoiles plein les yeux.
Dimanche, 9heures: la découverte
Tapi entre deux pots de plantes dans un coin de ma cour, à Wimereux, un pigeon immobile, les yeux mi-clos. Il ne semble pas blessé mais exténué, il a dû faire un long voyage. Ses bagues aux pattes permettent de retrouver rapidement son propriétaire. Ma sœur, elle aussi confinée chez moi, laisse un message à un certain Cédric, accompagné de la photo de l’oiseau. En attendant des nouvelles, je baptise ce voyageur à l’extraordinaire jabot Bloom, comme «floraison» en anglais et surtout en référence au film Penguin Bloom (l’histoire vraie d’une femme paralysée et d’un oiseau sauveur).
Je présente ce nouveau locataire à mes proches et mes collègues sur les réseaux sociaux. «Des news de Bloom?» Durant plusieurs jours, on s’enquiert de la santé du protégé! Ce dimanche matin, il n’a pas la force de picorer un mélange improvisé de riz et de lentilles – conseil pioché sur Internet – et boit peu.
Vers 11 heures: un coup de fil
Des nouvelles de Cédric. Lui, c’est le papa. Bloom appartient à son fils de 13 ans, Benjamin, dont ce sont les premiers concours colombophiles. Le gamin est aux anges d’avoir retrouvé sa bête. Ils se confondent en remerciements, viendront la chercher mardi. D’ici là, nous prenons Bloom sous notre aile. Il faut le protéger pour éviter qu’il ne s’envole.
Bloom a 1an, il vient d’être père. Le dimanche 4 avril, dans le cadre d’un concours, il devait rejoindre son pigeonnier à Bergues depuis Albert dans la Somme (104 km à vol d’oiseau). Il s’est égaré. «On avait envoyé 23 pigeons, 6 à Benjamin et 17 à moi, explique Cédric, qui, lui, possède 140 volatiles. C’est le seul à ne pas être rentré.»
À l’heure du déjeuner: la cabane est prête
Une palette en bois, des journaux, des caisses à bières suffisent à bricoler une cabane de survie. Dans l’après-midi, nous surprenons Bloom en train de picorer les graines spéciales oiseaux apportées par un voisin. Ses yeux s’ouvrent petit à petit. Mes collègues affirment que c’est grâce aux caisses de Triple Karmeliet et de Queue de charrue, les piliers de son abri!
Le lundi, Bloom est requinqué
Notre hôte a passé la nuit. Il tient le coup dans sa cage de fortune imperméabilisée par une bâche car la pluie s’est invitée. Il n’a pas nettoyé sa chambre mais il est tout pardonné. La petite bête attachante a les yeux grands ouverts maintenant.
Elle n’a pas peur, elle a l’air requinquée, on lui fait la causette, elle vient vers nous. On envoie des nouvelles à Benjamin.
Mardi : Benjamin retrouve son «préféré»
Il est 18 heures, ça sonne à la porte. C’est Benjamin, avec son papa Cédric. Le masque du petit garçon donne plus d’éclat encore aux étoiles dans ses yeux lorsqu’il revoit son animal. Touchant. Colombophile depuis un an, il est heureux de revoir son «préféré, c’est mon plus beau», livre l’ado. «Il est d’une couleur bleu sale, c’est le terme», sourit le père, Cédric, en découvrant la cabane. «C’est bien ce que vous avez fait…» Il prend Bloom dans ses mains. «Il est maigre en dessous, il a dû voyager très loin. On peut imaginer qu’il soit allé en Angleterre! Mais au niveau du cou, on voit que vous l’avez nourri. D’ici quinze jours, il sera bien, je vous enverrai des photos.» Sa famille a adopté le prénom Bloom, dont elle aime la signification. Il paraît qu’il n’est pas impossible que lors d’un prochain voyage, Bloom survole Wimereux et passe faire coucou.
Virginie Dubois (journaliste)
boulogne@lavoixdunord.fr
Wimereux.