Dans la nature la mue des oiseaux est un phénomène naturel et normal. Il s’agit du remplacement du plumage qui a souffert pendant la saison d’élevage. Cette grande mue se produit à la fin de l’été quand il y a abondance de nourriture et que les températures sont encore clémentes. Ce renouvellement du plumage est exigeant en énergie, en minéraux, oligo-éléments et en protéines.
Les derniers beaux jours constituent donc la période idéale à tous points de vue car les réserves « physiologiques » de l’oiseau sont au maximum. Ainsi décrit cela paraît évident et ne semble pas présenter de problème.
Pour nos voyageurs le bon déroulement de la mue nécessite quelques ajustements dans la physiologie, l’énergie et la nutrition des pigeons.
Le plumage sous la loupe de la science
L’examen de la composition du plumage permet de comprendre les besoins nutritifs nécessaires au déroulement de la mue. La plume contient 90 % de protéines dont la kératine est un des composants majeurs. La kératine est une protéine qui contient 5% de soufre sous forme de cystéine et de cystine. C’est une protéine qui confère à la plume une grande résistance. L’analyse du plumage montre la présence de 1 à 2 % de lipides et de minéraux. La plume est donc fortement minéralisée : en plus du soufre elle contient de nombreux autres minéraux comme le fluor, le zinc, le cuivre, le calcium, la silice…
Savez-vous que le plumage correspond à 10 % du poids sec du pigeon et représente ¼ des protéines totales du corps ? L’analyse montre également que les principaux acides aminés retrouvés sont la cystine, la glycine, la proline et la serine. Notons que la méthionine, souvent utilisée comme argument de vente pour de nombreuses spécialités pour pigeons, est parmi les acides aminés les moins représentés dans le résultat de l’analyse du plumage.
La mue est également consommatrice d’énergie : les études montrent que l’énergie contenue dans un gramme de plumes varie entre 5 à 6 kcal. Cette énergie spécifique vient s’ajouter à l’énergie nécessaire au métabolisme de base. C’est-à-dire celui qui est nécessaire pour soutenir les fonctions corporelles vitales et l’activité cellulaire. A cela il faut encore ajouter l’énergie pour les activités quotidiennes.
La diminution des volées pendant la période de mue est donc un mécanisme naturel d’épargne de l’énergie. Dans un prochain article nous examinerons comment éviter les erreurs dans le rationnement des pigeons pendant cette période cruciale.
(A suivre)
Dr Jean Pierre Duchatel